vendredi 20 mars 2015

Chappie - Neil Blomkamp

Après le tiédasse Elysium, que nous réserve celui qui nous a laissé les pubs Citroën C4 en héritage et s'est particulièrement fait remarquer lors de la sortie son audacieux District 9, avec son dernier-né : Chappie ?


Affiche du film Chappie


Disons-le d'emblée, histoire de ne pas faire perdre de temps aux détracteurs de l'univers de Neil Blomklamp : n'allez pas plus loin dans la lecture de cet article.
Parce que Neil Blomklamp, il a bien le défaut de sa qualité : il fait du Neil Blomklamp, un peu comme Woody Allen fait du Woody Allen (ça alors !).

A quoi reconnait-on un réalisateur monomaniaque (qui titille lui-même cette fibre chez son public le plus assidu, puisque nous courons je cours quand même en salle, réflexe pavlovien s'il en est !) ?

Identifier un réalisateur monomaniaque : aujourd'hui, l'approche "Blomkamp"

Cette leçon étant faite, il est temps de passer aux choses sérieuses : le film en lui-même. Alors bien sûr, je pourrais être objective et peser rationnellement le pour et le contre, analyser le moindre détail aberrant (comme le fait que tout le monde fait ce qu'il veut dans l'entreprise de construction des méchas-policiers, tout est normal, hein, que la fin n'a pas vraiment de sens non plus à mon avis, que certaines scènes sont très attendues comme celle avec le chien, etc, etc), mais très honnêtement ce serait gâcher le plaisir du film.

Je ne m’épancherai pas non plus sur des considérations "techniques" de l'ordre de la musique (très bonne, faut dire que le choix de Die Antwoord qui s'offre une bonne page de pub au passage, y est pour beaucoup), du jeu des acteurs (un peu d'amateurisme du côté de Die Antwood, mais ce n'est pas dramatique, et un jeu correct pour les autres, ils font leur taff, quoi), ou encore de la photographie et de la mise en scène (toutes deux excellentes), parce que lorsqu'un film vous émeut, c'est vraiment de l'ordre du détail que d'avoir tous ces éléments en tête.

Ah si, un truc qui m'a bien fait rire quand même, c'est la coupe de Hugh Jackman, qui valait son pesant de cacahuètes et qui explique en grande partie pourquoi il est devenu le méchant de l'histoire (certainement plus que cette bête question de jalousie au travail).


Extrait du film Chappie - Jackman se fait remonter les bretelles


Alors, Chappie, ça parle de quoi exactement ?
"C'est l'histoire d'un mec..." ou plutôt d'une entreprise qui construit et vend des robots destinés aux forces de l'ordre. L'un de ces robots, le numéro 22 pour être précise, manque vraiment de chance, car à chaque sortie, il se fait démonter la tête, à tel point qu'il est bon pour la casse. Fin de l'histoire. Ou plutôt, début, puisque par un enchaînement de circonstances et de rencontres, numéro 22 va devenir Chappie.

Pourquoi Chappie, ça marche ?
  • Parce que Chappie est attachant (autant que mes chats, c'est pour dire): que ce soit dans son phrasé, son regard naïf porté sur le monde et même son physique (l'ajout des oreilles façon Nabaztag paix à leur âme) et ses attitudes  (bravo à Sharlto Copley au passage pour son interprétation) 

Chappie, le Nabaztag des forces de l'ordre

  • Parce que bien que le film traite d'un sujet déjà étudié (l'humanisation d'un robot), Neil Blomkamp prend le parti de situer Chappie (je parle du film et non pas du personnage) sur le plan de l'influence du milieu sur la construction de soi, ce qui est particulièrement intéressant. Et faut dire que Chappie, il est plutôt du genre mal entouré (ou à plus justement parler : entouré d'influences contraires) ce qui va conditionner son développement, brouiller son approche de ce qui est "bien" et "mal", et va le propulser tout droit dans un univers de violence. La naïveté inhérente au personnage de Chappie va tantôt susciter le rire dans certaines scènes (pourtant dénuées de sens moral), tantôt apitoyer le spectateur par rapport à ce que vit Chappie (et il en vit des choses moches, le pauvre). L'approche de questions telles que la conscience de soi et du deuil sont également d'autres prolongements de l'apprentissage de la vie, par Chappie. 

  • Au-delà de ça, comme je le soulignais auparavant, le thème de l'altérité est repris dans Chappie : de quelle façon sont perçus les robots par la population (qui non seulement sont des robots, mais cumulent aussi un malus du fait de leur appartenance aux forces de l'ordre et donc une entité que l'on apprend si ce n'est à respecter, tout du moins à craindre) et même par ceux qui peuvent les concevoir (à ce titre, le personnage incarné par Jackman est plutôt intéressant dans son approche, qui aurait pu être plus poussée d'ailleurs) ? Une intelligence artificielle peut-être ressentir des émotions voire des sentiments ? Le lien "filial" n'est-il définit que par la naissance ou par l'amour que l'on peut porter à son prochain, aussi différent soit-il ? Bref, autant de questions sous-jacentes qui traversent le film sans pour autant faire oublier son caractère "grand spectacle/divertissement". 

  • Parce que c'est progressif, rythmé et qu'il y a un minimum d'action ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde (j'essaye de vous vendre du rêve là, car c'est pas dit que tout le questionnement éthico-métaphysico-famialo-machino-bidulo-truco tel que je vous l'ai présenté dans les paragraphes précédent suscite beaucoup l'envie).


En ce qui me concerne, j'ai versé une p'tite larmichette plus souvent qu'à mon tour, et je soupçonne l'un des mecs assis au rang derrière moi de l'avoir versée également (à moins qu'il n'ait souffert d'un rhume des foins ne se manifestant qu'à l'occasion de certaines scènes, à chacun ses allergies).


Alors, Chappie ? 

Si Geneviève valide, on ne peut qu'adhérer !












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