mardi 7 avril 2015

The Theory of Everything - James Marsh

Pâques on a pas que ça à faire, débutons cet article promptement : The Theory of Everything (ou une Merveilleuse histoire du Temps sous nos latitudes, dont je pourrais disserter sur la pertinence d'un tel titre au détriment de la traduction littérale de celui original, maaaaaaais nous n'avons pas de temps (!) à perdre, donc :) est un film classique de par sa construction, sa photographie, son thème, son "rôle-à-Oscar"; un film un tantinet long et aux seconds rôles plutôt bâclés dans l'ensemble (si on enlève celui de Jonathan incarné par Charlie Cox), bref un film qui ne révolutionne absolument pas le genre du biopic, et pourtant...

Une affiche kitchissime qui ne fait pas honneur au film...

Et pourtant, bien que je n'en attendais pas plus que ce qu'il avait à offrir (une oeuvre classique mais néanmoins agréable), je me suis retrouvée toute chamboulée à l'intérieur du dedans, la faute à trop d'émotions (et non à un retour de bâton lié à un gavage intensif de chocolats en cette période "festive").

Comme le laissent penser sa bande-annonce et le fait que le film soit adapté d'un livre publié par l'ex-femme de Stephen Hawking, Jane Wilde, The Theory of Everything est une oeuvre qui traite de l'homme derrière le scientifique (ô, c'est beau) : on suit en effet Stephen Hawking lors de sa rencontre avec Jane Wilde, qui deviendra sa première femme, et avec laquelle il aura trois enfants. On le rencontre lors des prémices de sa maladie, en 1963, à l'époque où il étudie à Cambridge.

Pitch (oh mon pitch) qui pouvait a priori susciter quelques craintes en raison du caractère périlleux de l'exercice (dresser un portrait complètement romancé d'une personne qui plus est toujours en vie, tomber dans l'abîme d'une romance ne laissant pas de place au travail à travers lequel Hawking a été reconnu, et que sais-je encore (qui a dit "pas grand chose" ? Qu'il se dénonce !)).

Nonobstant tous les points que j'ai soulevé dès le premier paragraphe, annonçant ainsi la couleur pour mieux vous bluffer ensuite (je n'ai pas joué au poker, mais au bridge, c'est quasiment pareil, il y du suspens et tout, et tout), le film doit sa réussite à la retenue dont il fait preuve et dans le traitement des situations et dans celui des personnages.

Ce qui est particulièrement étonnant, c'est la métamorphose physique d'Eddie Redmayne (que j'ai découvert dans Like Minds il y a quelques années, une oeuvre assez troublante, mais néanmoins bien faite) au fur et à mesure que l'étudiant un brin rêveur (un peu trop, peut-être, pour un Doctorant) laisse place au scientifique de renom dont la maladie autant que la carrière en font une personne que l'on identifie de suite.
Compte tenu de sa performance (la gestuelle, le mimétisme, réussir à transcrire la souffrance contenue d'un simple regard), l'Oscar était bien entendu mérité pour Eddie Redmayne, encore que Felicity Jones (incarnant Jane Wilde) n'a pas démérité non plus. Je dirais même qu'elle m'a bien plus bluffée, car l'évolution de son personnage, si elle est moins notable sur le plan physique, est toute aussi forte. On la voit, la vingtaine énamourée, forte, digne et révoltée par ce qui arrive à Stephen Hawkins. On l'observe en mère de famille, qui tient la maison seule, au détriment de ses aspirations professionnelles, on la voit femme en mal de normalité, qui s'attache au professeur de musique devenu ami de la famille. Là encore, par un jeu d'acteur savamment dosé, Felicity Jones réussit à faire passer une multitude d'émotions au spectateur, qui ne peut que ressentir de l'empathie face à ce qui lui est montré.

Et un montage crado, un !


Finalement, dans The Theory of Everything, ce n'est pas tant le handicap de Hawking ayant pour origine sa maladie (syndrôme de Charcot) qui est le sujet central, mais la déliquescence de l'entité du couple face à la maladie d'une part, et face au temps qui passe, avec cette inéluctable conclusion, un aveu : "I have loved you. I did my best" ("je t'ai aimé. J'ai fait de mon mieux" pour les moins anglophones). Le sujet est universel, il a fait pleurer des rivières à de multitudes d'êtres dont je fais partie, et il est ici porté brillamment à l'écran par The Theory of Everything.

Avec pudeur, James Marsh et l'ensemble des acteurs au premier plan (Felicity Jones, Eddie Redmayne et Charlie Cox) nous offre le portrait d'une vie de couple.
Le fait de filmer façon super 8 de l'époque, le choix des costumes qui présentent les différentes décennies traversées par le couple depuis sa rencontre en 1963 à sa séparation et à la sortie du livre "Une brève histoire du temps" (dont je vous recommande la lecture), tout cela permet de s'immerger dans l'intimité du couple, puis des triangles amoureux, et de nous rapprocher des "personnages".
En parlant de filmer, la gestion de la caméra est également l'une des autres réussites du film : James Marsh réussit à montrer, sans trop en faire, ici le point de vue de Stephen Hawking observant son entourage et leur aisance à être, en raison de leur absence de handicap, là, à l'observateur que nous sommes, un geste qui trahit la progression de la maladie, ici encore, l'isolement de Jane Wilde. Encore une fois, un voile de pudeur couvre le film, qui ne fait pas dans le sensationnel mais dans l'intime.

Mais le véritable tour de force du film est, pour moi, sa scène finale. Celle-ci, accompagnée du superbe morceau The arrival of the birds (Cinematic Orchestra) donne une nouvelle dimension à l'ensemble du film. Par prolongement, on peut se refaire mentalement la même scène sur nos propres vies, et l'effet serait tout aussi bluffant (alors même qu'on est trois fois plus moyens que la moitié du scientifique qu'est Hawking).
En réalité, cette scène, au-delà de son caractère bouleversant, remet toutes les choses en perspective et offre une superbe conclusion à The Theory of Everything, puisque partant d'une vie, elle illustre aussi à échelle humaine ce sous-tend les thèses de Hawking et de nombreux scientifiques à savoir remonter dans le Temps afin de comprendre quelles sont les origines de l'Univers. Finalement, la question du "Grand Tout", c'est un peu celle qui traverse nos destins individuels, peu importe nos croyances.

Il y aurait vraiment beaucoup à dire sur la part d'humanité dont recèle The Theory of Everything, mais je pense que le plus simple serait encore que vous preniez le temps de voir ce film et de pleurer un bon coup devant sa beauté (et pas la peine de jouer les gros bras avec moi, ça n'prend pas !).

Petit bonus personnel : la musique (superbe) est signée Johan Johannsson, compositeur islandais auquel on doit quelques petites perles, comme son magnifique album Fordlandia que je vous invite à découvrir.

Alors, The Theory of Everything ?









mardi 31 mars 2015

Captives - Atom Egoyan

Comment ne pas comparer Captives à Prisoners sorti en 2013 (avec notamment Hugh Jackman et Jake Gyllenhal à l'affiche, sans oublier...Paul Dano....*cri de fan hystérique, ahem*), et dont le point commun réside dans le sujet qui est traité, à savoir le rapt d'enfants ?

Le premier n'est-il qu'une pâle copie du second, ou réussit-il à être...*roulement de tambours*...Captivant ? (avouez, vous ne l'aviez pas vu venir !)


Affiche du film Captives
Indépendamment de ce que j'ai pu penser du film, je tenais à souligner la beauté de l'affiche, et surtout sa pertinence par rapport au scénario et au personnage de Matthew


Regarder Captives après Prisoners (et vice et versa, mais voilà que je m'égare), ce n'est pas facile car nous sommes tentés de jouer au jeu des 7 erreurs et de faire le parallèle entre chacun des films. 

Huit clos à ciel ouvert ?

A l'instar de Prisoners, Captives porte un nom qui revêt de multiples sens au regard du développement de l'intrigue, et plus précisément au regard de l'évolution des personnages. Finalement, qui de l'absent retenu contre son gré (ici, l'enfant) ou de celui "qui reste" (les parents), est le plus captif ? Dans Captives, le titre est d'autant plus percutant qu'au fur et à mesure de l'intrigue, on voit se développer d'autres personnages que ceux principaux dont on peut se poser aussi, la question du libre arbitre ou de la disposition de soi (finalement, sont-ils aussi captifs que les autres ?).

Le choix d'Atom Egoyan de porter le film en plein coeur de l'hiver, dans de vastes espaces enneigés, ne fait que renforcer le sentiment d'isolement des personnages, mais surtout, de l'instant figé, comme en  témoignent en arrière-plan les chutes du Niagara, gelées dans leur mouvement et dont l'immobilité a quelque chose d'irréaliste. Captives montre véritablement un temps suspendu dont l'intérêt, pour le spectateur est de savoir non pas si, mais quand les choses bougeront (et de quelle façon).


Un père engagé, une mère...Démissionnaire ?

Autre point commun, le rôle de la femme au sein du couple affecté par la disparition de l'enfant. Dans Prisoners, on observe un père engagé, prêt à tout (et notamment à la violence) pour retrouver sa fille. Ryan Reynolds campe un personnage plus en retrait, mais que l'on sent d'autant plus déterminé qu'il ne s'agit rien de moins que de tenter d'évacuer la culpabilité qui le ronge.

La mère (incarnée par Mireille Enos), elle, craque (c'est une femme, que voulez-vous, nous sommes nées pour ça). Son personnage est perçu assez audacieusement dans le film surtout à travers le prisme de la caméra qui la filme dans son chagrin, nous positionnant, le ravisseur et nous, dans une situation de voyeurisme par rapport à sa tristesse; tristesse augmentée par un jeu cruel que met en place le ravisseur. 

Le film réussit à montrer de façon ponctuelle, toujours avec subtilité et pudeur les conséquences sur le couple parental de la disparition de l'enfant : les reproches de la mère, la fuite du père, finalement la vacuité du couple et son impossibilité à aller de l'avant, et encore moins à deux.

Et sur le reste ?

Une différence majeure entre Captives et Prisoners repose sur l'angle sous lequel est abordé le sujet du rapt. Dans Prisoners, le spectateur, jusqu'au bout, ignore ce qu'il advient des fillettes. On ne sait ni si elles sont en vie, ni qui les retient le cas échéant. La scène d'ouverture de Captives quant à elle nous montre une jeune femme, dont on devine de suite qu'elle est la fillette kidnappée...Il y a cela bien des années. Nous suivons ainsi son parcours, et tout en retenue, nous devinons les multiples visages que peut prendre la pédophilie et la cybercriminalité à cet égard. Ce n'est jamais raccoleur, mais ça fait froid dans le dos quand même, parce que ça parait tellement fou que ça ne saurait être...que trop vrai ? 
Ainsi, c'est cela qui est intéressant dans Captives également : ce traitement qui est fait d'un sujet grave qu'est celui du kidnapping d'enfants, et tout ce que cela peut impliquer (et je ne parle pas de les brûler comme au Brésil, chanson à prendre au millième degrés, hein).

Là où Captive fait fort, mais peut-être un peu trop, c'est dans le brouillage de piste opéré par le réalisateur sur le plan temporel : nous évoluons entre flashbacks de différentes époques (le jour J, six ans après,...) et l'instant T où se déroule l'intrigue. Je dis un peu trop, car, habitués que nous sommes à contempler des flashbacks baignant dans un filtre photo façon "soleil de fin d'été, quand tout allait bien" avec des personnages dont le look diffère souvent de l'instant T de façon à ce que nous identifions BIEN les repères temporels, dans Captives les flashbacks et le présent se mêlent dans une même trame photographique (même paysage enneigé, même look des personnages). 

Par voie de conséquence, tout comme les personnages, le spectateur peut avoir le sentiment que le temps est figé. Mais à l'inverse des personnages qui connaissent le scénario (n'est-ce pas, ils sont forts, quand même), le spectateur lui, peut se retrouver égaré lorsqu'on lui montre telle scène suite à une autre et que le lien n'est pas évident à établir ("attends, on est QUAND, là ?"). 
Perturbant. Même si je vois l'idée, et qu'elle n'est pas mauvaise, je n'ai pas trop apprécié. 


Ah ! Et où avais-je la tête (peut-être à Interstellar...? Le teaser de ouf guedin) : un peu plus et j'oubliais de vous parler de la très bonne prestation que nous livre Ryan Reynolds dans le film. Ce dernier partant de loin (à peu près d'aussi loin dans mon estime que Ben Affleck qui s'est révélé brillant dans Gone Girl, normal, il incarnait un mec à l'air amorphe et paumé), il m'a agréablement surprise en père soucieux, voûté sous le poids de sa culpabilité (et de sa grande taille), et qui cherche inlassablement sa fille, sous la neige, sur les routes (toute la Sainte Journée, décidément, ce billet est de plus en plus musical).




Au rayon personnages toujours, je sors un carton rouge pour Rosario Dawson (qui incarne la Comissaire en charge de l'enquête) et son bras droit (personnage physiquement intelligent, mais ça s'arrête là), beaucoup moins pertinents dans leur approche que Jake Gyllenhal dans Prisoners (mais bon, j'avoue avoir des affinités cinématographiques avec cet acteur, nul doute que je ne suis pas objective). 
Kevin Durand qui incarne un ravisseur tellement lisse qu'il en devient franchement inquiétant, joue également très bien, de même qu'Alexia Fast, que je ne connaissais pas, mais que j'ai trouvé très convaincante dans son rôle (elle inspire vraiment l'empathie). 

Finalement, Prisoners ou Captives ? 

Bien que les deux films soient bons, j'ai malgré tout eu une préférence pour Prisoners, en raison de la tension beaucoup plus palpable qui jalonnait l'ensemble du film et l'ambivalence des personnages (notamment le couple d'amis de la famille, dont la fille a également été kidnappée). 
Captives, lui, filmant peut-être plus "l'intime" et s'égarant en chemin par rapport à certains personnages (le duo de policiers, par exemple), loupe le coche de peu en étant moins puissant que son confrère et un peu expéditif sur la fin (pourtant très tendue). Mais bon, c'est vraiment pour chipoter.




Alors, Captives ?








vendredi 27 mars 2015

The imitation game - Morten Tyldum

Harcelée Motivée par des amies, c'est avec contrainte grand enthousiasme que j'ai visionné The imitation game.

Affiche du film Imitation game
"J'ai un bout d'salade coincé entre les dents, ça ne va pas du tout...
Faisons comme si je réfléchissais, ça passera inaperçu !"

Par un fait indépendant de ma volonté, je n'ai pas pu poursuivre le visionnage jusqu'au bout, m'étant arrêtée au moment où... 


...Allez, j'vous aide un peu pour ceux et celles qui n'ont pas peur qu'on leur spoile un passage et qui souhaiteraient décrypter l'image ci-dessus : la clef utilisée est celle dite de César, la clef secrète est 2, espacement des blocs 3. Maintenant, débrouillez-vous ! 

Je vous avoue que loin d'être frustrée par le fait de ne pas connaître la fin de l'histoire, j'ai été soulagée qu'une intervention divine (voire extra-terrestre, voire la découverte d'un pouvoir extra-sensoriel, ah ouais, ça, ce serait chouette !) m'ôte à un visionnage qui m'a passablement ennuyée.

Parmi les critiques que je ferai au film, je commencerai par le fait que le rythme est lent et que les personnages, peu convaincants, sont incarnés par des acteurs que l'on sent peu investis (genre, la mauvaise combinaison, quoi). 
La mise en place des situations est caricaturale et amenée pesamment (dire que cela serait un ramassis de clichés de mise en scène serait un poil agressif, mais tout à fait justifié). 

Extrait du film The imitation game
A part Cumberbatch qui a l'air de sourire, le peu d'expressivité des autres personnages sur cette image
est tout à fait caractéristique du film

Je reprocherai également au film d'exploiter le filon "Cumberbatch/Sherlock" en faisant de son personnage principal un génie pour ne pas dire autiste (je n'emploie pas ce terme de façon péjorative, mais il n'est pas avéré formellement dans ce que j'ai pu lire qu'Alan Turing ait été atteint d'une forme d'autisme) mais tout du moins perché dans ses hautes sphères à tel point que cela le coupe de toute interaction sociale standard avec ses congénères.
Fort heureusement, Keira Knightley, incarnant Joan Clarke (dont je n'ai pas du tout compris l'intérêt dans le film, sur le plan de son apport au décryptage de la machine Enigma, au stade où j'en étais de l'avancée de "l'intrigue") va aider Alan à sortir de son cocon et en à peine deux scènes pif-paf-boum, Alan Turing est respecté et même apprécié par ses collègues qui se fédèrent autour de son projet (youpi, on va enfin pouvoir passer à autre chose). 

J'ai vraiment eu le sentiment que le film en faisait trop. La construction sous forme d'imbrications (genre, je pousse la métaphore du puzzle, ouh ouh ouh, hi hi hi) n'apporte pas grand chose ni en termes de suspens (suivi de l'enquête policière qui ouvre le film) ni en terme d'évolution du scénario. 
Tout est poussif dans ce film, à tel point que ce n'est - pour moi - pas même intéressant, et que quitte à découvrir un pan de la vie et de l'oeuvre d'Alan Turing, j'aurais préféré regarder un documentaire sur Arte : j'y aurais trouvé la culture, sans la fioriture inutile que constitue The imitation game.

Allez, pour ne pas non plus enterrer le film sous un tombereau de critiques, on peut citer au passage quelques points qui m'ont bien plus parmi lesquels le choix des couleurs plutôt "passées" (plutôt pâles) qui sont d'une part, très jolies, mais instaurent également une ambiance quasi nostalgique, ré-haussée par une photographie dans l'ensemble classique, certes, mais efficace. Alexandre Desplat signe également une musique agréable, là encore classique, mais toujours efficace.

Malgré ces quelques points qui ont su capter mon attention, "The imitation game" m’apparaît comme d'autant plus décevant qu'il aborde plusieurs sujets dignes d'intérêt parmi lesquels on peut citer en vrac :

  • la condition de la femme à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale (l'arrivée de Joan à l'examen, le rôle de ses parents sur sa carrière et sa vie personnelle), 
  • l'influence du projet Enigma sur le déroulement de la guerre (décryptage du code allemand, choix stratégiques et cornéliens à opérer, la question des espions soviétiques), 
  • les prémices de l'informatique (création de la première machine pouvant être assimilée à un ordinateur, le "crackage" du code Enigma) 
  • et bien sûr la condition homosexuelle dans l'Angleterre de la première moitié du XXe siècle (notamment, son caractère illégal). 
Face à cette richesse des autres thématiques du film, le décryptage du code allemand géré par Enigma pourrait presque devenir secondaire. Malheureusement, l'exploitation de ces thèmes reste, à mon grand regret, en surface.

Pour s'amuser un peu, si vous souhaitez vous intéresser à la cryptologie, vous pouvez faire un tour ici. Le site est relativement concis, mais permet d'aborder la question en douceur ! Bonne découverte !

Alors, The imitation game ? 


vendredi 20 mars 2015

Chappie - Neil Blomkamp

Après le tiédasse Elysium, que nous réserve celui qui nous a laissé les pubs Citroën C4 en héritage et s'est particulièrement fait remarquer lors de la sortie son audacieux District 9, avec son dernier-né : Chappie ?


Affiche du film Chappie


Disons-le d'emblée, histoire de ne pas faire perdre de temps aux détracteurs de l'univers de Neil Blomklamp : n'allez pas plus loin dans la lecture de cet article.
Parce que Neil Blomklamp, il a bien le défaut de sa qualité : il fait du Neil Blomklamp, un peu comme Woody Allen fait du Woody Allen (ça alors !).

A quoi reconnait-on un réalisateur monomaniaque (qui titille lui-même cette fibre chez son public le plus assidu, puisque nous courons je cours quand même en salle, réflexe pavlovien s'il en est !) ?

Identifier un réalisateur monomaniaque : aujourd'hui, l'approche "Blomkamp"

Cette leçon étant faite, il est temps de passer aux choses sérieuses : le film en lui-même. Alors bien sûr, je pourrais être objective et peser rationnellement le pour et le contre, analyser le moindre détail aberrant (comme le fait que tout le monde fait ce qu'il veut dans l'entreprise de construction des méchas-policiers, tout est normal, hein, que la fin n'a pas vraiment de sens non plus à mon avis, que certaines scènes sont très attendues comme celle avec le chien, etc, etc), mais très honnêtement ce serait gâcher le plaisir du film.

Je ne m’épancherai pas non plus sur des considérations "techniques" de l'ordre de la musique (très bonne, faut dire que le choix de Die Antwoord qui s'offre une bonne page de pub au passage, y est pour beaucoup), du jeu des acteurs (un peu d'amateurisme du côté de Die Antwood, mais ce n'est pas dramatique, et un jeu correct pour les autres, ils font leur taff, quoi), ou encore de la photographie et de la mise en scène (toutes deux excellentes), parce que lorsqu'un film vous émeut, c'est vraiment de l'ordre du détail que d'avoir tous ces éléments en tête.

Ah si, un truc qui m'a bien fait rire quand même, c'est la coupe de Hugh Jackman, qui valait son pesant de cacahuètes et qui explique en grande partie pourquoi il est devenu le méchant de l'histoire (certainement plus que cette bête question de jalousie au travail).


Extrait du film Chappie - Jackman se fait remonter les bretelles


Alors, Chappie, ça parle de quoi exactement ?
"C'est l'histoire d'un mec..." ou plutôt d'une entreprise qui construit et vend des robots destinés aux forces de l'ordre. L'un de ces robots, le numéro 22 pour être précise, manque vraiment de chance, car à chaque sortie, il se fait démonter la tête, à tel point qu'il est bon pour la casse. Fin de l'histoire. Ou plutôt, début, puisque par un enchaînement de circonstances et de rencontres, numéro 22 va devenir Chappie.

Pourquoi Chappie, ça marche ?
  • Parce que Chappie est attachant (autant que mes chats, c'est pour dire): que ce soit dans son phrasé, son regard naïf porté sur le monde et même son physique (l'ajout des oreilles façon Nabaztag paix à leur âme) et ses attitudes  (bravo à Sharlto Copley au passage pour son interprétation) 

Chappie, le Nabaztag des forces de l'ordre

  • Parce que bien que le film traite d'un sujet déjà étudié (l'humanisation d'un robot), Neil Blomkamp prend le parti de situer Chappie (je parle du film et non pas du personnage) sur le plan de l'influence du milieu sur la construction de soi, ce qui est particulièrement intéressant. Et faut dire que Chappie, il est plutôt du genre mal entouré (ou à plus justement parler : entouré d'influences contraires) ce qui va conditionner son développement, brouiller son approche de ce qui est "bien" et "mal", et va le propulser tout droit dans un univers de violence. La naïveté inhérente au personnage de Chappie va tantôt susciter le rire dans certaines scènes (pourtant dénuées de sens moral), tantôt apitoyer le spectateur par rapport à ce que vit Chappie (et il en vit des choses moches, le pauvre). L'approche de questions telles que la conscience de soi et du deuil sont également d'autres prolongements de l'apprentissage de la vie, par Chappie. 

  • Au-delà de ça, comme je le soulignais auparavant, le thème de l'altérité est repris dans Chappie : de quelle façon sont perçus les robots par la population (qui non seulement sont des robots, mais cumulent aussi un malus du fait de leur appartenance aux forces de l'ordre et donc une entité que l'on apprend si ce n'est à respecter, tout du moins à craindre) et même par ceux qui peuvent les concevoir (à ce titre, le personnage incarné par Jackman est plutôt intéressant dans son approche, qui aurait pu être plus poussée d'ailleurs) ? Une intelligence artificielle peut-être ressentir des émotions voire des sentiments ? Le lien "filial" n'est-il définit que par la naissance ou par l'amour que l'on peut porter à son prochain, aussi différent soit-il ? Bref, autant de questions sous-jacentes qui traversent le film sans pour autant faire oublier son caractère "grand spectacle/divertissement". 

  • Parce que c'est progressif, rythmé et qu'il y a un minimum d'action ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde (j'essaye de vous vendre du rêve là, car c'est pas dit que tout le questionnement éthico-métaphysico-famialo-machino-bidulo-truco tel que je vous l'ai présenté dans les paragraphes précédent suscite beaucoup l'envie).


En ce qui me concerne, j'ai versé une p'tite larmichette plus souvent qu'à mon tour, et je soupçonne l'un des mecs assis au rang derrière moi de l'avoir versée également (à moins qu'il n'ait souffert d'un rhume des foins ne se manifestant qu'à l'occasion de certaines scènes, à chacun ses allergies).


Alors, Chappie ? 

Si Geneviève valide, on ne peut qu'adhérer !